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La plume agile

Plein d'infos sur l'utilisation de l'écrit en communication, sur la langue française en général et sur mon activité de communication éditoriale www.laplumeagile.com.

Éloge de la ponctuation

Éloge de la ponctuation
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Réjouissons-nous ! Grâce à eux, nous n’en sommes plus là.

 

Les signes de ponctuation, les espaces et même les accents, que je vois souvent négligés ou malmenés, méritent qu’on les respecte, car ils contribuent à nous faire comprendre les écrits, ce qui n’est pas rien. La ponctuation est au texte ce que la signalisation est au réseau routier. Enlevez tous les panneaux et nous assisterons à une belle pagaille : accidents, véhicules errants ou en perdition, demi-tours intempestifs, insultes entre conducteurs… Faites de même dans vos textes et vous risquez également de perdre votre lecteur, de provoquer des accidents de compréhension, de respiration, d’interprétation.

Un stop peut sauver des vies. Une virgule aussi. Cette petite blague bien connue le prouve, qui vous invite à comparer ces deux phrases :

  • Si on mangeait, les enfants ?
  • Si on mangeait les enfants ?

La ponctuation mérite d’autant plus notre respect qu’elle est une dame d’un grand âge. Saviez-vous que nous pouvons dater ses débuts des IIIe et IIe siècles avant notre ère ? Nous en connaissons précisément l’origine : les responsables de la très fameuse bibliothèque d’Alexandrie, à une époque où leur préoccupation était de copier, de sauvegarder et de transmettre les textes anciens. On leur doit notamment l’invention des accents et des trois premiers signes de ponctuation : le point parfait, le point médian et le point bas, qui correspondent grosso modo au point, au point-virgule et à la virgule que nous utilisons aujourd’hui.

Depuis cette époque et jusqu’à nos jours, copistes, imprimeurs, typographes et auteurs n’ont cessé d’y apporter des modifications et des améliorations, avec une ingéniosité, une inventivité, un sens de l’innovation et de l’expérimentation dignes de nos meilleurs laboratoires de recherche et startups contemporaines.

Je ne vais pas me lancer ici dans l’histoire de la ponctuation, mais j’ai quand même envie, au passage, de vous alerter sur le fait qu’elle est absolument passionnante. Pour ma part, je l’ai dévorée entre autres dans un petit bouquin qui se lit comme un roman : « L’Art de la ponctuation » d’Olivier Houdart et Sylvie Prioul (Seuil, 2006).

 

Contentons-nous ici de ce qui pourra vous être directement utile : le rappel de quelques règles de ponctuation. Sans être exhaustive, cette liste de neuf préceptes devrait vous aider à vous en sortir :

 

1.

Une phrase – soit un bout de texte totalement autonome et solidaire – commence par une majuscule et se termine par un point (qui peut être un point simple, un point d’interrogation ou un point d’exclamation).

Elle peut être très brève :

Ah !

Ou elle peut être très longue, comme on peut le voir aisément en lisant certains grands auteurs. Marcel Proust est connu pour sa capacité à tourner avec délicatesse de superbes phrases interminables. La phrase la plus longue de la « Recherche du temps perdu » compte 856 mots et 5 229 caractères.

Vous noterez que certains auteurs contemporains s'essaient à écrire des romans entiers sans point, comme une seule immense phrase. La littérature peut se l'autoriser ; c'est un terrain d'expérimentation et de licence poétique. En communication, mieux vaut rester prudent là-dessus. Et ne pas perdre de vue que votre objectif est d'être lu et compris le plus immédiatement possible.

 

2.

On ne met pas de virgule entre le sujet et le verbe, ni entre le verbe et le premier de ses compléments.

 

3.

La conjonction et a la même fonction qu’une virgule. Par conséquent, on ne fait pas précéder un et d’une virgule.

Cette règle ne s’applique pas aux conjonctions car et mais, qui sont généralement précédées d’une virgule.

  • J’aime les canards et j’en élève dans ma basse-cour.
  • J’aime les canards, car leur chant et leur démarche sont comiques.
  • J’aime les canards, mais je n’aime pas qu’ils s’ébrouent sur mon paillasson.

 

4.

Dans tous les cas, un groupe de mots en apposition, c’est-à-dire juxtaposé à un autre groupe de mots pour y apporter une précision, est encadré par deux virgules. Ce qui bouscule légèrement les règles 2 et 3.

  • Les canards, braves bêtes têtues, agrémentent la mare de notre jardin.
  • Les canards ornent, et même agrémentent, la mare de notre jardin.

 

5.

Une virgule peut changer le sens de la phrase.

  • Les canards, qui mangent les limaces, ont un excellent foie.
  • Les canards qui mangent les limaces ont un excellent foie.

La première phrase suppose que tous les canards mangent des limaces et pour cette raison ont un excellent foie. La seconde signifie que seuls, les canards qui mangent des limaces ont un excellent foie, mais qu’il existe des canards qui ne mangent pas de limaces et ceux-là ont un foie calamiteux.

Voir un autre exemple à la fin du premier paragraphe de cet article.

 

6.

Le point-virgule a tendance à disparaître de nos jours ; c’est bien dommage, car il peut être très utile pour apporter de la clarté, de la subtilité et de la légèreté dans une longue phrase. Pensez à lui !

 

7.

Dans une phrase interrogative indirecte, c’est-à-dire lorsqu’elle est introduite par le verbe demander ou un équivalent, on ne met pas de point d’interrogation et on n’inverse pas l’ordre sujet-verbe.

  • Avez-vous vu mes canards ?
  • Le monsieur te demande si tu as vu ses canards.

 

8.

Faites la différence entre les parenthèses (qui minimisent l’importance) et les tirets – qui mettent en valeur – une incise dans la phrase.

  • Le personnage principal de ce blog – le canard – ne tient pas toujours le beau rôle dans nos histoires.
  • Sa couleur (bleu-vert) ne tient généralement aucun rôle.

 

9.

« Dans une phrase entre guillemets, le point se place avant le guillemet fermant. »

Mais le professeur précise « qu’il se place après si la partie entre guillemets ne constitue pas la totalité de la phrase ».

Et dans tous les cas, préférez les « guillemets français » aux ''guillemets anglais''.

 

À vrai dire, si vous lisez attentivement les auteurs et même les auteurs de grammaire, vous vous rendrez compte que la plupart de ces règles ne sont pas absolues et ne font même pas l’unanimité. L’usage de ces petits panneaux de signalisation, en tout cas en français, est surtout destiné à marquer le rythme, la musicalité, le ton, l’énergie des phrases, en un mot, il est affaire de style. Chacun a le sien et des transgressions de ces règles sont toujours possibles, à condition de maîtriser toutes les nuances qu’elles apportent quant au sens et à la musique de vos écrits. Pour faire un chef-d’œuvre, il faut d’abord maîtriser la technique, les codes et l’histoire, avant de s’autoriser à déconstruire ce qu’on a appris. Si on commence par déconstruire, on ne fait que du charabia.

 

Et si malgré mes conseils vous avez besoin d'aide pour vos tâches de rédaction et de communication, faites appel à ma plume agile.

 

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